Réuni en séance plénière ce jeudi 15 février pour voter son budget primitif, le Conseil départemental a fait un choix difficile, celui du recours à un emprunt à hauteur de 50 M€ ; il doit également compter sur sa bonne gestion des dernières années et une provision de 20 millions d'euros. Le président dénonce l'effet "cure sévère" que subissent les collectivités qui s'apparente à un supplice de Tantale.
Le supplice de Tantale
"J'ai l'impression que l'État nous fait subir le supplice de Tantale. C'est exactement ce qui arrive aux collectivités locales. Les Départements sont au bord de l'asphyxie financière et le gouvernement leur retire toujours plus de moyens d'agir, soit en les chargeant de nouvelles missions soit en leur coupant les vivres." C'est avec ces mots que Jean-Claude Leblois a décrit le contexte du vote du budget 2024. Une situation économique de plus en plus tendue où les dépenses sociales et de fonctionnement sont en croissance face à des recettes en peau de chagrin. À cela s'ajoute que les Départements doivent mettre en œuvre des compétences transférées par l'État. Ce qui se traduit par des dépenses non compensées. Par exemple, le transfert de l'Allocation spécifique de la solidarité (ASS) représente une charge financière de 7,4 M€, et une majoration de 2,5 % du montant global du RSA pour la collectivité.
Soutien réaffirmé au monde agricole
Face à un État qui se défausse, les élus de la gauche se sont félicités de maintenir leur soutien notamment au secteur rural et à la profession agricole via différents dispositifs (aide à l'installation, aide aux Cuma et à l'habitat autonome, etc.), et en étendant la prime départementale aux nouveaux agriculteurs âgés de moins de 56 ans. Les élus se sont tout de même interrogés sur les dégâts causés sur les routes par le passage d'engins trop lourds suite aux barrages des agriculteurs : " Le Département devrait payer les réparations de plusieurs centaines de milliers d'euros alors qu'il est étranger au conflit entre les agriculteurs et l'État", remarque Stéphane Destruhaut. Ces réparations s'ajouteraient aux 22 M€ déjà réservés aux travaux sur les routes départementales.
La collectivité ne cède pas sur ses autres priorités non plus. Ainsi, le volet social lui coûte 294 M€ et il représente 68 % des dépenses. À noter qu'il est en progression de 8 % par rapport à 2023 et " le transfert de l'ASS n'arrange pas les choses", rappelle le président. "Le transfert des charges est d'ailleurs la seule chose qui ruisselle d'en haut", se désole l'élu socialiste. Quant aux autres volets, la collectivité consacre 63,4 millions d'euros pour le développement du territoire, 8,90 M€ au fonctionnement des collèges, 1,60 M€ à la culture... la liste n'est pas exhaustive.
Hommages
La séance plénière a été l'occasion de rendre un hommage à deux grandes figures du socialisme disparues : Jacques Delors, Robert Badinter et un hommage appuyé au résistant Missak Manouchian (panthéonisé le 21 février). "Je formule l'espoir que cet élan mémorial sera de nature à tempérer les remontées acides, xénophobes et antisémites, au moment de glisser un bulletin de vote pour élire nos députés européens", souligne le président.