Je le sais. Parfois ces quelques lignes sur la Une de notre journal vous hérissent le poil. Mais qui c'est celui-là pour écrire ça ? Qu'est-ce qu'il nous dit à relayer tous ces bobos, sportifs, artistes qui nous disent à longueur de colonnes, sur les écrans, à la radio ce qu'on doit faire, ce qu'on doit manger, ce qu'on doit penser, voire pour qui on devrait voter... Ni bobo, ni artiste, ni technocrate parisien, ni... je ne suis rien de tout cela. En revanche, depuis un quart de siècle, tout mon temps est consacré au milieu rural et à ceux qui y vivent, y travaillent, y façonnent les paysages. Tout ce temps, ce sont des rencontres de femmes, d'hommes qui m'ont étonné, qui m'ont appris, qui m'ont enrichi. Ce sont des paysannes et des paysans, au sens les gens du pays. Ils ont passé du temps à me raconter leur vie ou, au moins, un instant de leur vie. Dans ces campagnes, j'ai découvert celles et ceux, du passé ou d'aujourd'hui, qui ont inventé d'incroyables outils collectifs, des banques, des assurances, des coopératives pour vendre leurs produits, pour les transformer, pour les valoriser, des coopératives pour utiliser un tracteur ou une moissonneuse-batteuse... J'ai rencontré des gens passionnants pour lesquels les mots mutualisation, ensemble, entraide, lien, terre avaient un sens profond, enraciné. Et voir ces gens se détourner de cette campagne faite de bienveillance pour se recroqueviller sur eux-mêmes est douloureux. C'est peut-être la traduction de cette douleur-là qui vous énerve parfois.
Publié le 04/07/2024
Mis à jour le 04/07/2024
Ma déclaration
Lionel Robin