Raymond et Bradford sont jeunes, ils ont la vie devant eux, tant de rêves à accomplir. Depuis leur Massachusetts natal, ils ont traversé l'Atlantique, puis, cette nuit-là la Manche. De la France, ils ne connaîtront que le sable amer de la sinistre Omaha Beach. Ce 6 juin 1944, leur débarquement s'achève à peine entamé. C'est en France pour défendre, quoi qu'on puisse en dire aujourd'hui, une certaine idée de la démocratie et de la liberté. Antonio tient la main de sa petite fille, Nuria. Du haut de ses neuf ans, la fillette tremble de peur. Son père la rassure comme il peut. Il se souvient des kilomètres qu'il a fallu franchir, de la montagne qu'il a fallu gravir pour échapper aux fascistes. Dans cette petite ville nichée au cœur du Limousin, il espérait que lui et sa famille trouveraient un refuge pour reconstruire une vie. En ce 10 juin 1944, les rêves d'Antonio et Nuria, ceux d'une République espagnole, se font de cendres dans les rues embrasées du village d'Oradour-sur-Glane. 6 juin, 10 juin, 80 ans... Le Nazisme, ce nationalisme construit dans la haine de l'autre, est arrivé au pouvoir par la voie des urnes. Et quand les urnes accouchent d'une République, comme en Espagne en 1936, les extrêmes droites prennent les armes pour la détruire. La démocratie est si fragile... Dimanche, nous votons pour les élections européennes. Ce droit de vote comme la liberté qui l'accompagne sont précieux et certains, aujourd'hui encore, meurent pour cette idée-là. Ça ne nous coûte pas grand-chose d'aller voter.
Publié le 07/06/2024
Mis à jour le 10/06/2024
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Lionel Robin