Agriculture

Dans la tête des vaches

Nouvelle Aquitaine / Lot-et-Garonne
Sonja Kind et Amanda Gaigl comportement bovin
Sonja Kind et Amanda Gaigl comportement bovin
Alexandre Merlingeas
Deux spécialistes du comportement des animaux sont intervenues lors d'une journée technique organisée par AgroBio Périgord pour mieux comprendre les bovins et améliorer la communication avec eux.

Les bovins vivent dans un univers sensoriel et social différent de celui des humains. Cette seule évidence permet de mieux comprendre les problèmes d'interactions qui se posent parfois avec l'être humain. Le 10 octobre, à Saint-Aulaye-Puymangou, AgroBio Périgord, via Hélène Dominique, animatrice élevage, a organisé une rencontre technique sur le thème : "Comment mieux communiquer avec mes bovins". Sonja Kind et Amanda Gaigl, qui ont étudié la biologie, sont intervenues à ce sujet devant un groupe d'éleveurs qui ont témoigné de leur expérience.

Amanda Gaigl et son mari Ludwig ont quitté l'Allemagne pour reprendre un élevage de limousines à Saint-Aulaye en 2021. Pour cette journée, elle avait invité son amie, Sonja Kind, venue de Berlin. Amanda Gaigl a étudié à Zurich le comportement des singes, ouistitis et magots.

« Les éleveurs connaissent des situations de vaches qui ne veulent pas aller à la salle de traite ou dans la bétaillère », a-t-elle commencé. Comment identifier et éliminer les causes à l'origine de ces blocages ? « Quand nous nous sommes installés avec mon mari, nous nous sommes dit qu'il fallait vraiment comprendre les vaches pour mieux interagir avec elles. » Les vaches ont appris à observer et lire les humains. « Les limousines sont très intelligentes. Elles ont une bonne mémoire. »

De la patience

Sonja Kind a rappelé que le bovin était à l'origine une proie qui devait fuir, descendant de l'aurochs, son ancêtre sauvage. Les vaches ont les yeux sur les côtés de la tête alors que les prédateurs ont les yeux à l'avant. « Elles voient de manière différente. Des choses leur sont effrayantes comme les marquages au sol. » Les bovins ont une vision panoramique à 330° mais leur vue tridimensionnelle et précise est seulement de 50°. Elles ont du mal à évaluer les distances, ainsi que la taille et la vitesse de déplacement des objets environnants. Leur acuité visuelle est très faible, environ 30 % de celle d'un homme. Elles ont une vue très floue. Par contre, elles possèdent une très bonne vision nocturne.

Elles ont aussi des difficultés à s'adapter aux changements de luminosité. Elles sont rapidement éblouies par la lumière du soleil en particulier. La transition entre les espaces sombres et éclairés les effraye. Elles voient peu les contrastes. « Quand on amène une vache dans une bétaillère, elle perçoit juste un trou noir qui risque de lui faire peur », a expliqué Sonja Kind. Pour parer à cela, il faut mettre de la lumière dans la bétaillère ou patienter jusqu'à ce que les yeux de l'animal s'adaptent. Les bovins voient mieux que nous les mouvements rapides. Ils peuvent être facilement apeurés face à des objets ou des humains qui bougent ou se déplacent.

Amanda Gaigl a dispensé quelques conseils pratiques : « Il faut éviter de conduire les vaches vers des trous sombres, assurer un bon éclairage, attendre qu'elles s'adaptent à une nouvelle situation, éviter les mouvements brusques et marcher lentement. » Mieux vaut s'approcher de face ou sur les côtés pour qu'elles identifient mieux notre position car elles nous observent en permanence. En général, la patience est de rigueur avec les bovins. Ils ressentent beaucoup le stress des humains.

Dans la même thématique

L'égérie du Salon international de l'agriculture 2025 est connue : Oupettte est une vache de 6 ans née à l'EARL des Prés, à Dienné, dans la Vienne.
L'égérie se nomme Oupette

Les dossiers