Malgré l'envie de distribuer des marrons, il est parfois plus raisonnable de donner des pommes. Même si elles sont pourries. Pour manifester leur colère, une cinquantaine de pomiculteurs ont déversé ces pommes pourries devant le site de l'entreprise Valade, à Lubersac, vendredi 6 octobre. « Ce qui nous désole, c'est leur mauvaise foi », s'indigne Jean-François Nardot, arboriculteur à Ladignac-le-Long et vice-président de la coopérative Limdor, qui a participé à cette manifestation. En cause : « Ils étaient surpris d'apprendre qu'on avait des pommes qu'on pouvait leur livrer alors que notre président les a rencontrés en début de semaine », affirme Jean-François Nardot. Ce qui énerve le plus les arboriculteurs du secteur de l'AOP Pommes du Limousin, est bien qu'une entreprise française achète des pommes qui ne sont pas produites dans les mêmes conditions qu'en France, ce que résume Jean-François Nardot : « Ne faisons pas manger à nos enfants ce qu'on nous interdit de produire. » Le vice-président de Limdor poursuit : « Si les producteurs polonais ou espagnols avaient le même cahier des charges que nous, ils ne pourraient pas vendre leurs pommes à ces prix-là ! »
Le prix, c'est bien le fond du problème. Même si l'entreprise Valade s'en est défendue, arguant que la production limousine ou française risquait d'être insuffisante, « le problème, c'est le pognon, » se désole Jean-François Nardot. Lors de cette manifestation, les producteurs limousins ont amené 600 tonnes de pommes pour l'industrie. Jean-François Nardot fait ses calculs : « Pour faire venir des pommes de Pologne, ça coûte 28 centimes du kilo, nous, on les vend 35, voilà, ça fait un écart de 42 000 euros. C'est pour cette somme-là qu'on ne veut pas de nos pommes. »
Malgré tout, les discussions ont permis d'ouvrir une porte. À voir sur quoi ça débouchera.
Quant à la récolte actuelle, Jean-François Nardot se réjouit, « enfin, nous avons une année pour respirer et nous allons remplir les frigos ».