La tenaille. En stratégie militaire, il s'agit d'ouvrir deux fronts sur son ennemi qui doivent finir par se rejoindre. Cette image d'être pris en tenaille est celle qu'a choisie le préfet de la Haute-Vienne pour justifier son arrêté de la semaine dernière interdisant la traditionnelle foire aux béliers de Bellac. Une décision qui a provoqué surprise et tristesse pour les organisateurs et les éleveurs. D'autant plus que cette décision est intervenue la veille de l'événement. « J'ai préféré appliquer le principe de précaution », se défend François Pesneau lors de son traditionnel rendez-vous avec la presse.
Le préfet reconnaît volontiers la frustration qu'une telle décision peut entraîner. FCO sérotype 8 dans le Sud et le Massif central, FCO sérotype 3 dans le Nord et l'Est, avec « cette zone impactée par le S3 qui s'étend et descend rapidement vers nous », s'alarme François Pesneau. « Nous avons eu des discussions avec les organisateurs, la CDAAS, les services de l'État qui nous ont conduits à cette décision pour ne pas accélérer l'arrivée du sérotype 3 », précise-t-il encore.
Si interdire la foire aux béliers de Bellac relevait de la précaution, le préfet souligne l'importance de la prévention pour les éleveurs. Deux choses sont importantes : les tests pour détecter la FCO sont pris en charge par l'État et, tant que la Haute-Vienne est dans la zone de vaccination volontaire, la vaccination contre le S3, sur la base du volontariat, est également prise en charge par l'État. « Il ne faut pas se poser de question, il faut vacciner», martèle François Pesneau.
Partie de chasse
La chasse, qui vient d'ouvrir, est un sujet qui peut aussi enflammer les campagnes. Le schéma cynégétique a normalement fait l'objet de discussions entre, notamment, la fédération des chasseurs et les responsables de l'agriculture départementale. « Ce schéma doit permettre de maintenir une faune sauvage acceptable et avec le moins d'impact possible », rappelle le Préfet. Mais François Pesneau prévient : « Si le niveau de concertation n'est pas assez élevé, on l'ajournera. » Même s'il entend privilégier le dialogue.
Malgré tout, le préfet souhaite mettre la profession agricole face à ses responsabilités. « Il faut aussi que les agriculteurs chassent, utilisent les moyens de protection à leur disposition. » Parmi ses moyens, il évoque la chasse de nuit, les pièges à sanglier... « À un moment, il ne s'agit plus de chasse mais bien de régulation, poursuit-il. Si les agriculteurs veulent des pièges ils les auront. »
Expérimentation
La récolte de pommes débutera bientôt. Fort de l'expérience qu'il avait déjà menée dans son poste précédent en Loir-et-Cher, il a souhaité proposer à des détenus en fin de peine la possibilité de participer à cette cueillette. « Évidemment, cette expérience est menée sous le contrôle du juge d'application des peines », s'empresse de préciser François Pesneau. L'idée est donc de leur permettre de sortir de la Maison d'arrêt et d'être rémunéré pour cette activité. Encore fallait-il trouver un exploitant intéressé par la démarche et l'administration pénitentiaire valide le processus ? Un pomiculteur a joué le jeu et est allé présenter l'activité et l'exploitation à quelques détenus volontaires. Cette année, seule une poignée de détenus participe à cette expérience. « C'est une première année et si tout se passe bien, nous recommencerons », espère le préfet de Haute-Vienne.