Politique (ancien)

Parler contre les violences

Haute-Vienne
Fabienne Balussou et Baptiste Porcher à l'ARSL
La journée contre les violences sexuelles et intrafamiliales, c'était le 25 novembre. La préfète et le procureur sont allés à la rencontre de victimes et d'acteurs de cette lutte.

Elle craque. Elle a tenu un long moment en tentant de tenir à distance les larmes qui gonflaient ses yeux. Mais, finalement, elle s'en excuse et pleure. La préfète de Haute-Vienne la rassure, émue et bouleversée comme tous ceux qui viennent d'écouter cette femme raconter son histoire. Fabienne Balussou et le procureur de la République, Baptiste Porcher, sont venus visiter l'accueil de jour de l'ARSL (Association de réinsertion sociale du Limousin), située à Limoges. Cette rencontre s'est faite à l'occasion de la Journée internationale contre les violences sexuelles et intrafamiliales, le 25 novembre.

« Il faut parler. Trouver quelqu'un à qui on peut parler », révèle celle qui a passé onze ans de sa vie avec un mari violent. Mère de trois enfants, elle reconnaît que « mon parcours pour en sortir a été long, trop long ». Elle raconte que, dès les débuts de son mariage, elle a connu la violence. « J'avais honte et j'étais incapable d'en parler. » L'arrivée de son frère sera une première étape dans son lent processus pour sortir de cette prison qu'était devenu son mariage : « Nous ne sommes pas des femmes faibles, au contraire, nous sommes fortes pour faire face aux coups et protéger nos enfants. Mais la peur est là, et nous en sommes prisonnières. »

Cette force dont elle parle, en effet, en l'écoutant au sein de l'ARSL, alors qu'elle se tient bien droite sur le canapé, tout le monde la ressent. « Cet homme, même quand j'étais enceinte, il me tapait, ce n'est pas normal, quand même ? » Personne n'ose répondre et elle poursuit son récit. Mariée en 2010, ce n'est qu'en 2016, poussée par son frère, qu'elle prend contact avec des assistantes sociales. Au premier rendez-vous, pendant deux heures, elle va raconter ce qui lui arrive. « Quand je commence à parler, je parle, je parle, je ne peux plus m'arrêter », confesse-t-elle.

Malgré cette première étape, elle n'est pas sortie d'affaire. « C'est un constat que nous faisons, souligne Baptiste Porcher. Même dans le processus judiciaire, les victimes peuvent se désavouer. Mais nous l'avons intégré et les enquêtes se poursuivent. » La mère de famille va en effet déposer des mains courantes, porter plainte, il y aura même une audience au tribunal où elle affirmera avoir menti. « C'est important de faire toutes ces démarches quand même parce qu'elles nous permettent de prendre conscience de la gravité de ce qui nous arrive », confie-t-elle.

Jamais lâchée par son assistante sociale, cette femme franchit les portes de l'ARSL où elle trouve « de l'écoute, sans aucun jugement ». On est en 2018. Il faudra encore des coups, de la violence pour qu'enfin, cette femme franchisse le pas et se sorte de cette situation il y a quelques mois. Entre-temps, il y aura eu le confinement, « ça a été encore pire », et la peur pour ses enfants. « Il ne faut pas l'écouter quand il dit qu'il regrette, qu'il va changer, c'est un piège », a-t-elle fini par comprendre. Des sanglots dans la voix, elle peut conclure : « Partir, c'est retrouver le droit d'être soi-même, se sentir libre et en sécurité. »

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