Un siècle après son éradication, le loup fait son retour. Depuis 2021, l'Office français de biodiversité a reconnu la présence du loup dans le département de Haute-Vienne. On compte sept attaques sur les trois dernières années dont les dernières sur la commune de la Croix-sur-Gartempe. À ce propos, une réunion d'information a été organisée ce lundi par la préfecture et la Chambre d'agriculture pour présenter le "Plan national loup". Jean-François Dubaud, éleveur et président de la Fédération départementale ovine, a participé à cette réunion.
Comment s'est déroulée la réunion sur le loup ?
Jean-François Dubaud : Il y a eu quand même une grande mobilisation des éleveurs puisque le sujet les inquiète beaucoup. La DDT a présenté un Plan national loup qui regroupe les mesures de protection (achat de clôtures électriques, chiens de protection) et les conditions d'accès au potentiel tir de défense et le protocole à suivre en cas d'attaque. D'après ce plan, les éleveurs bénéficieront d'un accompagnement technique pour adopter ces moyens de protection finançables par l'État. Quelle est la position des éleveurs sur le loup ?
J.-F. D. : Ce qui rassure les éleveurs aujourd'hui est le fait d'être pris au sérieux, contrairement d'il y a quelques années. Or, une de leurs interrogations majeures porte sur l'intérêt de la société pour protéger le loup. Ce prédateur a été éliminé des territoires, et on constate aujourd'hui qu'il est de retour et qu'on le protège même s'il fait plus de mal à la biodiversité. Donc on peut dire qu'il n'y a pas eu une adhésion des éleveurs sur la nécessité de sa protection. Les éleveurs souhaitent simplement avoir l'autorisation de défendre leur troupeau sans qu'on les oblige à suivre les mesures de protection. Aussi, ce que l'on voudrait et ce qui est légitime est que notre département soit classé non protégeable. À ce stade, cette proposition n'est pas validée par "le Plan national loup " qui sera voté en juillet 2023.
Quel est votre sentiment sur ce plan national ?
J.-F. D. : J'espère qu'on puisse faire évoluer certains critères de reconnaissance de notre spécificité territoriale, c'est-à-dire que nous avons des petites parcelles, des petits lots et on a du mal à faire reconnaître les attaques par le plan actuel. Donc, on souhaite un accompagnement pour l'étude de non protégeabilité de notre département. Et plus on aura d'exploitations ayant fait ce diagnostic, plus on aura un panel de protection plus large.