Quinze services radiophoniques, 30 fréquences : il n'y a pas de doute, les radios associatives sont nombreuses en Limousin. Et leur rôle de garant du lien social a été encore plus avéré pendant la crise sanitaire que nous avons et sommes encore en train de traverser. Ces radios locales assurent au quotidien un bulletin d'information de proximité et permettent en prime de découvrir des nouveautés musicales et de promouvoir de nouveaux talents.
Afin de renforcer leur ancrage territorial, une régie a été mise en place il y a plusieurs années : le Gral ou Groupement des radios associatives libres. Elle est chargée de mutualiser les publicités et de réaliser un bulletin d'information quotidien plus large qu'elle met à disposition des radios de proximité.
Cette organisation promettait un bel avenir pour la dizaine de journalistes embauchés par l'ensemble du réseau, souvent grâce au dispositif d'aide aux emplois associatifs créé en 2004 par l'ancienne Région Limousin. Or, la nouvelle Région Nouvelle-Aquitaine reste sourde aux propositions faites par les responsables et campe sur ses positions : après avoir été reconduit en 2021, ce dispositif a bel et bien pris fin au 31 décembre 2021.
Les radios sont déstabilisées
Denis Lespiaut, président du Gral, s'insurge : « Aujourd'hui, cette suppression des aides à l'emploi nous déstabilise. » En prime, les participations de collectivités locales - dont la Région Nouvelle-Aquitaine - sont elles aussi écrêtées. « En 2020, il nous manquait autour de 4 000 euros, en 2021 on en a perdu encore 2 000 de plus. C'est très difficile de compenser même si le département de Haute-Vienne a augmenté sa contribution. On manque de ressources pour financer de nombreux postes et 20 % des emplois de journalistes sont clairement menacés », s'indigne-t-il. Pourtant, les radios se démènent pour trouver des solutions : arrêt des contrats courts, suppression de postes fixes remplacés par des pigistes, réduction des journaux notamment du week-end...
Cette situation fait donc tanguer dangereusement le réseau. Cependant, « nous avons décidé de maintenir l'emploi de Sébastien Péjou, qui gère le Gral, car c'est un poste stratégique malgré la suppression de l'aide de 13 000 euros liée à la fin des aides aux emplois associatifs. Nous devons absolument trouver des solutions », insiste Denis Lespiaut.
Aujourd'hui la Région Nouvelle-Aquitaine leur propose de répondre à un appel d'offres pour bénéficier de crédits liés à la promotion des musiques nouvelles. « Il y a 83 radios en Nouvelle-Aquitaine et là, le gâteau devrait être partagé entre toutes. C'est un marché de dupes. »« L'attitude de la Région est vexante car elle nous considère comme des amateurs parce qu'on travaille dans une radio associative. En prime, la compensation proposée risque de transformer nos radios en juke-box », regrette Sébastien Péjou. C'est certain qu'en supprimant les emplois, il sera très difficile d'assurer à la fois les bulletins d'information et la gestion de la radio. Tous sont alors unanimes : le réseau d'information pluraliste qui existe est bel et bien en danger. Avis aux élus et autres responsables pour l'aider à résister !